Entalu était une planète à part dans la galaxie. Personne n’en entendait jamais parler. Elle était comme inexistante. Son existence n’avait aucune importance, sauf lorsqu’un vaisseau avait des problèmes dans ses environs. Alors seulement, elle semblait émerger de l’ombre et exister dans le monde des hommes. C’était l’une des rares planètes habitées du Sast-West, car c’est, d’après certains, de cette partie de la galaxie que les hommes sont partis et ils ne veulent pas y revenir. Mais en réalité, nul ne sait plus d’où les hommes sont partis et nul ne s’en inquiète, seulement, comme dans toute colonisation, l’on oublie une partie qui, devenant inconnue de tous devient carrément inintéressantes.
La capitale et seule ville d’Entalu s’appelait Shani. C’était une ville aux toits gris. Ces toits étaient en fait des plaques solaires autonomes pour alimenter chaque maison. La nuit durait 20 heures, tout comme le jour, donc, la charge d’une journée suffisait pour la journée et la nuit. C’était là, la seule preuve qu’Entalu avait été créée après le troisième cycle de colonisation. Il y avait à l’Est de la ville, une tour dont on disait d’elle que c’était une tour de contact. Elle avait autour d’elle incrustées dans le sol des plaques solaires qui devaient lui fournir un champ d’action équivalent à tout Sast-East si elle cherchait à envoyer un message. Il était interdit aux Entali d’y entrer.
Devant cette tour, un jeune homme de dix sept ans s’extasiait. Il avait décidé d’y entrer car il s‘ennuyait et voulait braver cet interdit dont plus grand monde ne savait la véritable raison. Dans la ville, une vieille femme discutait avec une jeune fille. Personne ne se doutait de ce qui allait se dérouler pendant les quatre prochaines heures.
-Où est passé Arcturus ? Demanda la vieille femme à la jeune fille.
-Quoi ? Il a encore disparut ?
-Bon sang, il m’a parlé hier de la tour… Dit la vieille femme. J‘espère que… Non… Il n’aurait pas.
-Oh non, ne vous inquiétez pas, s’il avait dû, il y serait allé depuis des siècles.
-Vu la vitesse à laquelle les idées stupides lui viennent, il vient peut-être juste de se souvenir que c’était interdit. Il ressemble vraiment à cet étonnant personnage qui disait être son père.
-Vous avez connu son père ?
-C’est l’homme qui a gravé son nom dans le rocher sous la mer.
-Lui ? Oh mon dieu, tout s’explique.
La tour était haute d’une vingtaine de mètres. C’était une tour ronde sans ouverture sur l’extérieur. Elle servait de paratonnerre pendant les mois de tempêtes.
Arcturus était maintenant devant la grande porte en bois de chêne de la tour. Il n’avait qu’à la forcer pour entrer. Il sortit alors son épée du fourreau et frappa quatre coups et dessina ainsi un rectangle dans la porte. Il le poussa du pied pour pouvoir entrer. La porte toute entière s’ouvrit alors. Il comprit qu’elle était depuis le début ouverte.
-Zut, pensa-t-il, j’aurai pu entrer et sortir sans que personne ne se doute de quoi que ce soit.
Il entra dans la tour. La salle était divisée en deux grands cercles. Le premier n’était autre le mur circulaire, et l’autre, était une plateforme ascendante qui devait servir à rejoindre les autres étages. Il n’y avait rien de discontinu dans la pièce à part le contrôleur de l’ascenseur. Arcturus s’avança et jeta un coup d’œil sur l’interface. C’était un écran avec une reproduction de la tour avec plusieurs parties différenciées par des couleurs. Le bas, où il était, était noir, et le haut de la tour était immaculé de blanc.
Supposant que le haut de la tour était certainement l’endroit le plus intéressant, il pressa son doigt sur la partie blanche. Des lumières rouge feu s’allumèrent aux bordures de l’ascenseur et celui-ci commença à s’élever en s’extrayant du sol. Le plafond, tel un diaphragme s’ouvrit pour laisser passer la plateforme. Lorsque celle-ci dépassa le plafond, Arctur remarqua qu’il ne pouvait voir à l’intérieur des autres salles car l’ascenseur était entouré par une sorte aurore boréale. Au dernier étage, la disparition de celle-ci fut subite et rapide.
Le quatrième et dernier étage était, tout comme le premier, une salle vide. Elle avait en guise de murs, des vitres qui donnaient un panorama sur les alentours. Arctur comprit alors que ce qu’il avait vu de l’extérieur depuis des années n’était qu’une illusion. Il se sentait supérieur et heureux avec en dessous de lui une si grande étendue de terre vierge avec un fleuve et une petite ville qu’il croyait immense. Les vitres étaient des formes de hublots entourés de fins cercles noirs et apparemment incrustés dans la grande vitre principale.
Ce n’était certainement pas l’étage le plus intéressant, sauf bien sûr si la tour était carrément vide. Arcturus décida alors de rejoindre le troisième étage.
La disparition de l’aurore boréale était cette fois plus lente. Elle devint rose, puis rouge et enfin noire avant de complètement disparaître. C’est alors qu’un grand nombre de petites lumières parvinrent à Arctur et l’éblouirent.
-Gwark ! Moi qui pensais que les lumières éblouissantes dans une pièce inconnue c’était juste pour le fun, apparemment, c’est vrai... La véritable question c’est : « Est-ce le garde-manger ? »
-Non.
-Ah ben, tant pis. C’est sûrement au deuxième étage. Tiens, il y a donc quelqu’un.
-Oui.
-Salut. Vous ne me demandez pas comment je m’appelle ?
-Arcturus Rhune.
-Ah. Je commence à mieux voir.
C’était apparemment une salle de contrôle ou d’observation. Les lumières étaient en fait des écrans d’ordinateur. Certains montraient des données tandis que d’autres des paysages d’Entalu. Face à Arcturus, un vieil homme avec une coiffure de punk se tenait assis dans l’un des nombreux fauteuils.
-Bonjour à vous, dit Arctur.
-Bonjour à toi, répondit le vieil homme. Je suis Entula.
-Je ne vous ai jamais vu en ville.
-Ca fait des années que je n’y suis pas allé.
-Vous êtes là depuis tout ce temps ? Et qu’est-ce que vous y faîtes.
-Je surveille le monde. J’attends l’arrivée. Je génère l’avenir.
-Qu’est-ce que tout cela veut dire ?
-Il vaut mieux que je te raconte pour que tu comprennes. Mais avant que tu ne t’y crois trop, je veux juste te dire que tu n’as pas été choisi, seul le hasard a décidé de cela. Un autre serait de toute façon entré dans la tour.
-De toute façon, c’est très ennuyeux la vie d’un élu. Racontez-moi cette histoire.
-Eh bien, tu es exactement comme on m’avait dit. Sais-tu ce qu’est cette tour ?
-Une tour de contact destinée à contacter d’autres planètes dans un but extrêmement important. C’est ce qu’on m’a raconté, mais vous voir m’assure que c’est certainement faux. Alors, c’est quoi le secret ?
-En réalité, les tours de contact et tout ça, ça n’existe pas. Nous avons coupé tout contact avec l’extérieur et personne ne cherche à revoir ce monde qui est si différent. Mais, certains d’entre nous sont différents, ils rêvent d’aventure et veulent partir. C’est pour ça que j’existe, que nous existons, « les Olds Dreamers.» Notre but est de faire connaître le monde extérieur à toute personne ayant eu le courage de venir ici en bravant l’interdit.
-On vous a forcé à pendre un tel nom ?